En tant que cour d'appel de dernière instance au Canada, la Cour suprême a compétence pour entendre des litiges touchant à tous les domaines du droit.
Vue de la Cour suprême du Canada depuis la rivière des Outaouais
La Cour suprême contribue à consolider une démocratie canadienne forte et stable, fondée sur la primauté du droit. Créée en 1875, la Cour est une institution ouverte, impartiale et indépendante. En tant que cour d’appel de dernière instance du pays, elle a compétence pour entendre des litiges concernant tous les domaines du droit. Elle est la gardienne de la Constitution et de la Charte canadienne des droits et libertés. Œuvrant ensemble, les neuf juges décident les questions de droit les plus importantes et les plus complexes qui se soulèvent au Canada. Les juges entendent et tranchent des affaires en français et en anglais. La Cour est également une institution bijuridique, c’est-à-dire qu’elle applique les deux traditions juridiques du Canada – le droit civil et la common law.
Le plus souvent, les appels entendus par la Cour suprême du Canada portent sur des décisions rendues par les cours d'appel provinciales et territoriales. Ils peuvent également viser des décisions de la Cour d’appel fédérale et de la Cour d’appel de la cour martiale du Canada. La Cour est généralement saisie de ces appels par suite de la présentation de demandes d’autorisation d’appel. Les juges de la Cour suprême entendent uniquement les causes qui, à leur avis, sont d’importance nationale, sous réserve d’exceptions en matière criminelle où il y a appel automatique notamment si un juge de la cour d’appel est dissident sur une question de droit. Les juges de la Cour suprême sont également appelés à répondre à des questions soumises par renvoi. Cela se produit lorsqu'un gouvernement demande à la Cour de donner un avis juridique consultatif. Les renvois portent souvent sur la constitutionnalité d’une loi existante ou proposée, par exemple lorsqu’il s’agit de savoir si le gouvernement fédéral a le droit de légiférer à l’égard de certaines activités. La Cour suprême a répondu à un large éventail de questions soumises par renvoi au fil des années, qui concernaient par exemple le mariage entre personnes du même sexe, la réforme du Sénat et l’aide médicale à mourir.
En 2022, la Cour a entendu de nombreux appels en matière criminelle, ainsi que des affaires portant sur des sujets variés, notamment le droit fiscal et la garde des enfants. Les audiences devant la Cour suprême ne sont pas des procès, et il n’y a pas de jury. Personne ne témoigne devant la Cour ou n’y présente de nouveaux éléments de preuve. Les juges examinent les plaidoiries écrites et orales présentées par les procureurs des parties principales, et questionnent les procureurs lors de l’audience. Il arrive aussi que les juges entendent des intervenants, lesquels représentent souvent des membres du public qui ont un intérêt particulier à l’égard d’une question juridique.
La Cour suprême du Canada est également un membre actif et estimé de plusieurs organisations judiciaires internationales, et elle participe régulièrement à des échanges professionnels avec des tribunaux de dernière instance des diverses régions du monde.
Les juges actuels de la Cour suprême du Canada
Rangée arrière : Les juges Jamal, Martin, Kasirer et O’Bonsawin
Rangée avant : Les juges Brown et Karakatsanis, le juge en chef Wagner et les juges Côté et Rowe
Nommé juge en chef en 2017
Nommé du Québec en 2012
Nommée de l'Ontario en 2011
Nommée du Québec en 2014
Nommé de l'Alberta en 2015
Nommé de Terre-Neuve-et-Labrador en 2016
Nommée de l'Alberta en 2017
Nommé du Québec en 2019
Nommé de l'Ontario en 2021
Nommée de l'Ontario en 2022
La juge O’Bonsawin lors de sa cérémonie d'assermentation en septembre
C’est avec une plume d’aigle en main que la juge Michelle O’Bonsawin a prononcé son serment d’entrée en fonction durant sa cérémonie d’assermentation, le 1er septembre, en présence de ses nouveaux collègues, de sa famille et d’amis. Le même jour, le juge Michael Moldaver a pris sa retraite, quelques mois à peine avant son 75e anniversaire de naissance. Il a été juge pendant 32 années, dont les 11 dernières au sein de la Cour suprême du Canada. Lors de la dernière audience à laquelle a participé le juge Moldaver, le juge en chef Richard Wagner a mentionné que « les Canadiens avaient profité de l’humanité de ce dernier et de son profond engagement à parvenir à des résultats justes et équitables ».
À la fin novembre, à l'occasion de la cérémonie de bienvenue traditionnelle tenue en l'honneur de la juge O’Bonsawin, plusieurs invités ont pris la parole pour souligner son bagage universitaire et son expertise en droit, sa collégialité et son engagement envers l’accès à la justice. Le juge en chef a souligné comment « sa nomination contribue à faire en sorte que les institutions démocratiques de notre pays, dont la Cour suprême du Canada, reflètent encore davantage la population canadienne ».
Le juge en chef Wagner remerciant le juge Moldaver lors de sa dernière audience
La Cour suprême a entamé sa session d’automne tôt en septembre, alors que les juges se sont rendus dans la capitale québécoise pour entendre deux affaires importantes et rencontrer des gens à divers endroits de la région.
Des centaines de personnes ont assisté aux deux audiences à l’intérieur du clair et spacieux édifice abritant le palais de justice de Québec. Il s’agissait de deux appels de décisions de la Cour d’appel du Québec. Dans Sa Majesté le Roi c. Pascal Breault, les juges de la Cour suprême se sont penchés sur la question du délai pendant lequel les policiers peuvent détenir une personne soupçonnée de conduite avec les facultés affaiblies, alors qu’ils attendent qu’on leur apporte un éthylomètre. Le jour suivant, la Cour a entendu l’affaire Janick Murray-Hall c. Procureur général du Québec, dans laquelle la Cour était appelée à décider si l'interdiction par la province de la culture de plantes de cannabis à domicile est constitutionnelle.
Durant la semaine, chaque juge a visité une école secondaire de la région différente pour prendre la parole devant les élèves et répondre à leurs questions. Les élèves de neuf établissements ont ainsi pu questionner les juges sur leurs origines, leurs expériences personnelles, leurs études et la façon dont ils décident les difficiles questions de droit qui leur sont soumises. Les juges ont également rencontré des étudiants et étudiantes en droit à l’Université Laval, ainsi que des membres des communautés juridique et judiciaire de Québec. De telles activités offrent à la population l’occasion d’en apprendre sur la Cour, sur ses activités et sur son rôle au sein de la démocratie canadienne.
Les membres de la Cour ont en outre agi comme hôtes d’une activité publique gratuite dans l’ambiance chaleureuse du Musée de la civilisation, où étaient réunies plus de 200 personnes désireuses d’en apprendre davantage sur les travaux de la Cour et sur son fonctionnement. Les juges ont répondu aux questions du public et de la modératrice, Isabelle Richer, sur des sujets tels que les nominations à la magistrature, le maintien de l’ordre, les droits autochtones et la Charte canadienne des droits et libertés.
Une femme qui assistait à l’activité avec ses deux jeunes enfants s’est dite réjouie de pouvoir entendre les juges s’adresser directement aux gens, particulièrement parce qu’il peut s’avérer difficile de distinguer en ligne les faits de la fiction.
C’était la deuxième fois que les juges entendaient des causes à l’extérieur d’Ottawa, suite à la visite à Winnipeg, au Manitoba, en 2019. De telles initiatives sont inspirées par le principe de l’accès à la justice. Comme le disait le juge en chef Wagner à l’auditoire, « il est important que les gens comprennent comment et pourquoi la Cour rend ses décisions. Après tout, il est difficile d’avoir confiance en quelque chose que l’on ne comprend pas. »
Le personnel de la Cour suprême qui a appuyé la tenue des audiences et des activités à Québec
Le juge en chef Wagner arrivant au Collège François-de-Laval
Des membres du public posant des questions aux juges
Les juges de la Cour sur les marches de l’hôtel de ville de Québec
Employés de la Cour essayant l’équipement avant les audiences
Les juges Côté et Rowe
Le juge Rowe participant à une discussion avec Marie-Claire Belleau à l’Université Laval
Les juges Martin et Kasirer prenant place dans la salle d’audience à Québec
Les juges répondant aux questions au Musée de la civilisation
Le juge en chef Wagner en discussion avec la juge en chef du Québec, Manon Savard
Mark Waito, gestionnaire de dossier au Greffe, avisant les gens d’éteindre leur téléphone avant une audience
Première audience à Québec
Le juge en chef Wagner répondant aux questions du public
Le juge Jamal participant à une discussion avec Salomé Paradis à l’Université Laval
Le juge en chef Wagner avec le Grand Chef de la Nation huronne-wendat, Rémy Vincent
Une Première Nation de l’Alberta pourrait avoir droit de se faire verser à l’avance des fonds pour couvrir ses frais juridiques même si elle dispose de fonds lui appartenant, juge la Cour suprême.
La Cour suprême rétablit l’acquittement d’un Albertain qui a attaqué une femme alors qu’il se trouvait dans un état d’automatisme.
La Cour suprême juge inconstitutionnel l’article du Code criminel qui permet de condamner un contrevenant à des périodes consécutives d’inadmissibilité à la libération conditionnelle de 25 ans en cas de multiples meurtres au premier degré.
La Cour suprême juge que la garde de l’enfant doit être accordée à la grand-mère, malgré les liens biologiques plus étroits du père avec l’enfant.
La Cour suprême juge que le Conseil des Canadiens avec déficiences peut contester les lois de la Colombie-Britannique en matière de santé mentale.
La Cour suprême juge constitutionnelle une nouvelle procédure prévue par le Code criminel pour déterminer si les documents privés d’une plaignante peuvent être utilisés par un accusé lors d’un procès pour une infraction d’ordre sexuel.
La Cour suprême juge que la Loi sur le droit d’auteur oblige les utilisateurs à payer une seule redevance pour la diffusion en continu d’œuvres en ligne.
La Cour suprême statue que lorsqu’une personne est tenue par son partenaire de porter un condom pendant une relation sexuelle mais qu’elle ne le fait pas, elle pourrait être coupable d’agression sexuelle.
La Cour suprême juge inconstitutionnelle l’inscription obligatoire à perpétuité au registre national des délinquants sexuels.
La Cour suprême juge constitutionnelle l’interdiction des peines d’emprisonnement avec sursis dans le cas de certaines infractions.
La Cour suprême juge qu’une enquête policière en ligne ciblant des individus cherchant à avoir des activités sexuelles avec des enfants ne constituait pas de la provocation policière.
La Cour suprême juge qu’un tribunal des Émirats arabes unis peut décider de la garde de deux enfants résidents de cet État venus en Ontario avec leur mère canadienne.
* = Voir la section Décisions notables
† Cette décision tranche plus d'une affaire.
La statue Veritas
Dans la soirée du 29 janvier 2017, 46 personnes étaient réunies au Centre culturel islamique de Québec pour la prière du soir. Un étranger armé d’une carabine semi-automatique et d’un pistolet a fait irruption dans la mosquée et a ouvert le feu sur les fidèles. Il a tué six personnes et en a blessé grièvement cinq autres. Cet abominable acte de violence a laissé de profondes cicatrices psychologiques chez les survivants, chez les proches des victimes, ainsi que chez de nombreux autres Canadiens et Canadiennes.
Alexandre Bissonnette a plaidé coupable à 12 chefs d’accusation, dont six de meurtre au premier degré, et il a automatiquement écopé d’une peine d’emprisonnement à perpétuité. Lors de la détermination du moment où le contrevenant pourrait présenter une demande de libération conditionnelle, la Couronne a demandé au juge du procès d’appliquer l’article 745.51 du Code criminel, qui permettait que des périodes d’inadmissibilité à la liberté conditionnelle de 25 ans soient purgées consécutivement. Le juge a ordonné que le contrevenant purge 40 ans d’emprisonnement avant de pouvoir demander une libération conditionnelle – soit cinq peines de 25 ans devant être purgées simultanément, en plus d’une peine de 15 ans pour le sixième meurtre.
Le contrevenant a interjeté appel devant la Cour d’appel du Québec, qui a conclu à l'inconstitutionnalité du texte de loi, mais a néanmoins condamné le contrevenant à six peines de 25 ans à être purgées en même temps. La Couronne a porté cette décision en appel à la Cour suprême du Canada.
Dans sa décision unanime, la Cour suprême a déclaré l’article 745.51 inconstitutionnel. Elle a affirmé que cette disposition viole le droit de ne pas se voir infliger de peines cruelles et inusitées qui est garanti aux Canadiens et aux Canadiennes par la Charte des droits et libertés. La Cour suprême a dit qu’une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité réaliste de libération conditionnelle présuppose que le contrevenant est irrécupérable et ne peut être réhabilité. Une telle peine est dégradante et incompatible avec la dignité humaine.
Rédigeant les motifs de la Cour, le juge en chef Wagner a indiqué que le fait de pouvoir infliger une peine d’emprisonnement de 50, 75, 100 ou 150 ans « autorise le tribunal à ordonner à un contrevenant de purger un temps d’épreuve qui dépasse l’espérance de vie de toute personne humaine, une peine dont l’absurdité est de nature à déconsidérer l’administration de la justice ».
La Cour a également précisé que sa décision « ne doit pas être perçue comme une dévalorisation de la vie de chacune des victimes innocentes » et que « l’admissibilité à la libération conditionnelle n’est pas un droit à la libération conditionnelle ».
La décision de déclarer l’article 745.51 invalide à partir de la date de son adoption en 2011 signifie que le contrevenant dans la présente affaire, ainsi que d’autres contrevenants, peuvent solliciter une libération conditionnelle après avoir purgé 25 ans d’emprisonnement.
La Cour suprême du Canada est fière d’être un membre actif de la communauté judiciaire internationale. Ses juges sont engagés auprès de plusieurs organisations telles l’Association des Cours Constitutionnelles Francophones (ACCF), l’Association des Hautes Juridictions de Cassation des pays ayant en partage l’usage du Français, l’International Association of Supreme Administrative Jurisdictions et la Conférence mondiale sur la justice constitutionnelle.
En mai 2022, le juge en chef Richard Wagner a participé au congrès de l’ACCF à Dakar, au Sénégal. Ce congrès, dont le thème était « Le juge constitutionnel et les droits de l’homme », a marqué la fin de la présidence triennale de l'organisation par le juge en chef Wagner.
Au cours de l’année, le juge en chef Wagner a participé à des événements à Singapour, en Finlande, en France, aux États-Unis et en Irlande. Les juges Sheilah Martin et Nicholas Kasirer se sont joints au juge en chef dans le cadre d’un échange judiciaire avec la Cour suprême d’Irlande. Ils ont discuté avec leurs homologues irlandais de modernisation des tribunaux, de bilinguisme et de droit comparatif. Les juges de la Cour suprême du Canada ont à leur tour accueilli une délégation de la Cour suprême d’Israël à Ottawa. Le juge en chef Wagner a en outre participé à un certain nombre de rencontres virtuelles avec des homologues, notamment les juges en chef du Japon et de l’Afrique du Sud.
En octobre 2022, le juge en chef Wagner a rencontré le président de la Cour suprême d’Ukraine, Vsevolod Kniaziev, à l’occasion d’une conférence judiciaire internationale organisée par l’Institut national de la magistrature à Ottawa. Le juge en chef Kniaziev a expliqué ce que c’est pour les juges de rendre justice en temps de guerre. Ce dernier et les membres de sa délégation ont ensuite visité la Cour suprême du Canada. Les juges canadiens ont été profondément touchés par la détermination du juge en chef Kniaziev à faire respecter la primauté du droit, valeur qui est elle-même menacée en Ukraine.
Les échanges judiciaires offrent aux juges de la Cour suprême des occasions de discuter avec leurs homologues de pratiques exemplaires et de sujets tels que la modernisation post-pandémie, l’indépendance de la magistrature et les droits à l’égalité. De tels échanges contribuent à promouvoir une culture d’excellence judiciaire et à instaurer une magistrature solide et indépendante.
Le juge en chef Wagner a rencontré virtuellement le juge en chef du Japon Saburo Tokura
Délégation de la Cour suprême d’Israël
Conférence annuelle de la Singapore Academy of Law
Débat public à propos de la justice et de la démocratie, Paris (France)
Délégation de la Cour suprême du Canada à la Cour suprême d’Irlande, Dublin
Association des Cours Constitutionnelles Francophones, Dakar (Sénégal)